Pouvez-vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Marek Skolil, Ambassadeur de la république Tchèque au Sénégal.
Après un bref passage dans le journalisme à la fin de mes études en France, ma carrière diplomatique a commencé en tant que représentant de l’union Européenne en Algérie. Une expérience très intéressante qui m’a donné l’amour de la diplomatie. En qualité de diplomate, J’ai servi au Liban, au Vietnam, aux usa ainsi qu’au Nigeria. En tout, je cumule trente ans de carrière à ce jour.
Excellence, votre pays n’a pas de liens coloniaux avec l’Afrique, peut on savoir les raisons de la création d’une ambassade au Sénégal ?
La Turquie n’a aucun lien colonial avec l’Afrique. Pourtant, ils sont bien présents. Non, nous n’avons aucune visée impérialiste sur le continent. Nous étions très actifs avec certains pays dans un passé récent. Nous avons estimé que nous pouvons travailler avec les pays où nous sommes accrédités et particulièrement avec le Sénégal qui est un pays émergent très important dans le monde avec une stabilité politique, une richesse naturelle et aussi une démocratie. L’Afrique de l’ouest est confrontée au terrorisme et à une série de putschs.
Quelle aide précise votre pays apporte pour lutter contre ces deux maux ?
Notre engagement au sahel est une nécessité. Nous sommes restés deux fois à la tête des forces d’entrainement de l’Union Européenne. Nous avons eu quelques soldats à la MINUSMA au Mali. Très naturellement, nous ne voyons pas uniquement les relations économiques et politiques avec les états Africains. Nous sommes préoccupés par notre propre sécurité qui passe par la maitrise sécuritaire au sahel. Aucun pays Européen ne peut prétendre être en sécurité si le sahel tombe dans les mains des terroristes et djihadistes. Étant membres de l’Union Européenne, nous sommes aussi engagés dans cette lutte.
Excellence, pouvez vous nous chiffrer l’apport financier de votre pays au Sénégal ? Quels sont les domaines qui vous intéressent dans le cadre de la coopération ?
Au niveau économique pour le Sénégal, dans le cadre du programme présidentiel (Sénégal émergent, projet cher au président, son excellence Macky Sal), notre pays accorde des crédits à des taux bas pour la modernisations des aéroports régionaux ( saint louis, Tambacounda, Matam et Kedougou) avec la société Transcon. C’est le financement le plus couteux et le plus important de notre gouvernement en Afrique dont le financement de la partie Tchèque est déjà obtenu en intégralité.
Au niveau médical, il y a une coopération médicale entre nos médecins et ceux du Sénégal (Thiès). Nous finançons des projets variables en rapport avec l’aide au développement par exemple : l’autonomie des jeunes. N’oubliez pas les aides apportées à l’union Européenne à hauteur de dizaines et de centaines de milliers d’euros proviennent de tous les états membres.
Les pays Africains malgré leurs immenses richesses naturelles sont dépendants de l’aide extérieure FMI, Banque mondiale etc. Avez-vous une explication à ce paradoxe. Une Afrique qui n’amorce pas son développement ?
Je ne suis pas d’accord avec vous de présenter le contient comme une calamité. Je ne suis pas spécialiste des questions de développement mais il ne faut pas être aussi pessimiste. Il ya une répartition inégalitaire des richesses ; certains pays vont plus vite que d’autres mais le continent ne bouge peut-être pas rapidement à vos yeux. Des facteurs culturels, historiques, climatiques et une mauvaise gestion des ressources peuvent expliquer par endroit ce processus lent mais le contient bouge bien évidemment. Il suffit de regarder la ville de Dakar. En Afrique, on est toujours attaché à la culture de rente mais je pense qu’il faut opter pour la modernisation agricole et diversifier les secteurs pouvant accroître les revenus de l’Etat. Par exemple accorder une place importante aux biens et services.
Excellence, ne serait-il pas plus efficace de repenser l’aide au développement à savoir les apporter directement à la population plutôt que de passer par les gouvernements ?
Ce n’est pas aussi simple que cela. Nous finançons un projet en partenariat avec L’OIM.
C’est un projet pour l’autonomisation des jeunes à Tambacounda.
Votre pays malgré la crise économique et le covid a un taux de chômage de moins de 3%, Quel est le secret de la bonne santé économique de ce pays de 78871 km2 avec une population de 10.7 millions d’habitants ?
Nos gouvernements successifs ont fait des réformes. Nous avions une vielle histoire industrielle.
L’industrie automobile joue un rôle crucial.
4ème pays à délivrer le plus de visa dans l’espace Schengen alors que vos voisins (Autriche et Pologne) sont très critiqués par l’Union Européenne sur leur politique migratoire.
Je ne peux que parler de mon pays. Chaque pays est souverain et décide de sa politique migratoire.
Votre pays est un ancien membre du bloc soviétique. La guerre en Ukraine s’enlise. Ne pensez-vous pas que la seule issue favorable reste un dialogue avec Moscou ?
Dialoguer avec qui ? Je suis moi-même issu d’un pays qui a été plusieurs fois occupé. Il s’agit ici de respecter la loi internationale donc la souveraineté d’un état en l’occurrence l’Ukraine. Toutes les guerres finissent par la discussion.
Le monde occidental a pris fait et cause pour l’Ukraine alors qu’il ya des accords qui n’autorisaient pas l’extension de l’OTAN aux portes de la Russie. Les occidentaux n’ont-ils pas crée cette guerre pour installer un monde unique ?
Soyons sérieux ! Comment peut avaler les mensonges et prétextes de la Russie pour envahir l’Ukraine ? Avez-vous vu des bases de l’OTAN en Ukraine ? Poutine a avancé des arguments fallacieux pour annexer la Crimée. Cette forfaiture ne passera pas cette fois.
Excellence, nous sommes à la fin de notre interview. Votre mot de la fin ?
Je vous remercie d’être passé nous voir pour me permettre de vous parler de mon pays et de sa coopération avec le Sénégal et les pays accrédités.