Le Béninois, inventeur d’un médicament antipaludique innovant à partir d’extraits de plantes naturelles, a remporté le prix de l’innovation pour l’Afrique.
Chose promise, chose due : l’ingéniosité africaine a bel et bien été portée au sommet cette année, lors de la remise du prix de l’innovation pour l’Afrique qui a eu lieu à Gaborone au Botswana, le 23 juin.
«Une révolution africaine contre le paludisme»
Aussi rudimentaire qu’il puisse paraître, Api-palu, ce médicament antipaludique fabriqué à base de plantes naturelles et inventé par le Béninois Valentin Agon, est en train de bouleverser le marché. Pas seulement sur le plan médical, mais aussi sur le terrain du développement, où l’Afrique perd beaucoup de points de croissance à cause de certaines maladies persistentes. Pour les économistes, le paludisme impacte négativement la croissance de plus de 1,3 % dans certains pays africains. L’Organisation mondiale de la santé estime que plus de 500 000 personnes meurent chaque année des suites de cette maladie qui frappe essentiellement l’Afrique. Environ 438 000 décès ont été enregistrés en 2015 pour 214 millions de cas de paludisme. Api-palu paraît donc comme une révolution. Ce médicament permet un taux rapide de diminution des parasites du paludisme dans le sang après un traitement à court terme, avec des doses relativement plus faibles. Il est disponible sous forme de comprimés, de capsules ou de sirop. Des effets thérapeutiques non toxiques qui ont permis à Api-palu d’être aussitôt approuvé au Bénin, au Burkina Faso, au Tchad et en République centrafricaine. Autre atout, Api-palu est vendu au prix de 1 000 francs CFA, un prix largement inférieur aux prix des médicaments concurrents (autour de 5 000 francs CFA) venus principalement d’Occident. L’entreprise dispose de plusieurs centaines de pharmacies dans le pays et veut étendre son activité dans les prochains mois.
Qui est Valentin Agon?
Docteur, chercheur, entrepreneur en médecine douce (option phytothérapie au CMDQ Canada), à la tête d’une industrie Api (African Phytotherapy Industry), Valentin Agon et ses équipes s’appliquent à transformer les plantes en médicaments. Avec une thèse à Québec en développement régional, le Dr Agon veut résolument s’engager pour le développement de l’Afrique. Il estime qu’il faut que les Africains investissent eux-mêmes pour acquérir les brevets nécessaires pour leurs inventions. Après Bruxelles, Cuba, la Suisse ou le Canada, il a vendu Api-palu pour 1,142 milliard de francs CFA à l’État béninois. Loin d’être un business juteux pour ce père de famille qui a persévéré dans ses recherches à la suite d’un souvenir douloureux en 1994, où son fils s’est retrouvé aux prises avec la maladie. Aujourd’hui, Api, c’est une douzaine de brevets, dont plusieurs européens. Ce panafricaniste convaincu appelle les scientifiques africains à apporter un regard neuf sur des maladies anciennes et à s’unir afin de reprendre en main le destin du continent. En effet, c’est dans cette phase délicate du financement que Valentin Agon a fait preuve de patriotisme en s’installant au Bénin, avec le soutien des autorités.
Valentin Agon avec son Prix.
Au-delà du paludisme, d’autres maladies anciennes comme le VIH/sida ont fait l’objet de recherches innovantes de la part des postulants cette année : sur un total de 985 candidats, en plus du Dr Valentin Agon du Bénin, Imogen Wright d’Afrique du Sud a reçu le second prix avec Exatype, une solution logicielle qui permet aux professionnels de santé de déterminer la réactivité des patients séropositifs aux traitements ARV.